13 avril 1899 : gelées dévastatrices en Rhône Alpes.

Un nouveau désastre a été enregistré lors de cette première quinzaine d’ avril, bien plus considérable que celui survenu lors des premières gelées printanières qui firent un grand mal aux arbres fruitiers. La nuit du 12 au 13 a été dure pour les cultivateurs de la région avec de fortes gelées qui ont détruit par un mercure descendu à -3 à -4° une bonne partie des vignobles.
Dans le secteur de Trévoux, le bas de la ville et les bords de la Saône ont enregistré des températures de -4° durant la nuit; toutes les vignes situées dans cette zone ont été presque littéralement ravagées; les coteaux de Préonde, des Bruyères, St Sorlin ont moins souffert mais ont été atteints; les communes environnantes de St Didier, Ste Euphémie, Reyrieux notamment, ont été également éprouvées surtout dans le bas des coteaux.

Du côté de Bellegarde dans notre département de l’ Ain, la récolte vinicole fut compromise sinon perdue dans notre région, c’ est à dire la vallée du Rhône jusqu’ au delà de Virieu le Grand, la vallée de la Valserine jusqu’ à Chézery et enfin celle d ‘une grande partie du pays de Gex.

Autour de Villefranche, on estime que la moitié de la récolte est perdue : à Limas, les 3/4 furent anéantis sur la presque totalité du territoire. Les communes du plateau telles que Cogny, Lacenas, Denicé et Gleizé auraient  moins souffert. Au Bois d’ Oignt, la moitié de la récolte est emportée. A Villié Morgon, les pertes furent estimées à près de 65 000 fr. Les communes de Lancié, Corcelles, Romanèche Thorins et principalement Fleurie ont beaucoup souffert. A Anse, les vignes basses ont presque gelé comlètement, le coteau a beaucoup souffert, mais moins. Les communes de Theizé, Frontenas, Alix et Bagnols sont comprises dans les dégâts. Tout le coteau vinicole de Beauregard a été complètement gelé sur la hauteur où il gèle rarement.

Cette gelée qui a occasionné des ravages considérables sur une grande partie du Beaujolais, notamment dans la aprtie basse, n’ a pas eu de conséquences aussi terribles dans la région. Les communes de Beaujeu, Lantignié, Régnié, Quincié et plusieurs autres communes environnantes ont été à peu près épargnées; dans les bas-fonds cependant un certain nombre de vignes ont subi des dégâts. Les jeunes plantations ont été plus particulièrement éprouvées.  Dans la partie NO du canton de Beaujeu, les dégâts sont confirmés. A Julliénas, Fleurie, Villié Morgon, une grande partie de la récolte a été anéantie.

Dans le secteur de Vaux, on est satisfait d’ avoir échappé presque en totalité à la gelée. Des sacs de paille arrosés de goudron pour produire du brouillard artificiel furent installés dans les vignes.

Le Mâconnais touché aussi

Le Mâconnais n’ a pas été à l’ abri de ces fortes gelées. Les vignobles de la côte chalonnaise qui s’ étend de Chagny à Buxy ont été sérieusement éprouvés également. Dans certains endroits élevés, le thermomètre est descendu jusqu’  à -4°; presque tous les vignerons du côté de Chagny ont fait brûler des matières susceptibles de faire un brouillard artificiel sur les vignes. Dans le secteur de Mâcon, on a relevé jusqu’ à -5°. Là encore la gelée a détruit les espérances des viticulteurs et cultivateurs. La plupart des récoltes, principalement la vigne, les arbres fruitiers, les prés même ont durement souffert de cette terrible calamité qui vient après celle due à la grêle et à des temps maussades les 3 dernières années. Certains vont se retrouver sans ressources. La vigne était assez belle avant ces fortes gelées de printemps. Le désastre s’ est accentué alors que déjà en mars la gelée avait détruit en partie les arbres fruitiers.