Un froid précoce et neigeux touche la France les 18 et 19 octobre 1961. C’est le premier coup de patte blanche de cet automne-là.  Un brusque abaissement de la température coïncidant avec la reprise des pluies est à l’origine de cette météo. Des monts du Lyonnais au cœur des Alpes, la neige est tombée à partir de 600 à 800 m d’altitude. Dans notre département de l’Ain, la neige fait son apparition sur les contreforts du Jura dans le Revermont. Le mercure a fortement chuté sur toute la région. Sur les sommets du massif du Pilat, cette neige a parfaitement tenu au cours de la journée malgré l’apparition assez timide tout de même du soleil. Les sommets du Jura se sont saupoudrés de blanc dans la nuit et sur les plateaux quelques flocons se sont mêlés à une pluie glaciale. De même, on a enregistré des chutes de neige dans le Bugey en-dessous des  1000 mètres. Il a également neigé très bas dans certains secteurs de Haute Savoie et de Savoie jusque dans le bassin de Chambéry où les campagnes environnantes ont été blanchies jusqu’à 5 à 600 mètres d’altitude. En montagne, les chutes ont été abondantes. La couche atteignit au petit matin une hauteur de 30 centimètres à Val d’Isère et Courchevel. Dans le Dauphiné, on a relevé 10 à 15 centimètres à l’Ape d’Huez, à Chamrousse et aux Deux-Alpes. Dans le Trièves et la Matheyzine, il neigea à partir de 800 mètres. Seul des trois cols alpestres savoyards, celui du mont Cenis était encore ouvert. L’Iseran a près de 2800 mètres a été définitivement fermé jusqu’à l’été suivant, l’importance des congères en interdisant la réouverture. Par contre, le col du Petit Saint Bernard avec ses 35 centimètres de neige, ne pourra être ouvert que lorsque les Ponts et Chaussées auront pu dégager les congères d’un mètre de hauteur qui en certains points bloquent la circulation. D’ailleurs, à ce col un véhicule avec sept passagers à son bord resta bloqué entre deux congères. Les CRS cantonnés au col réussirent à les dégager et à les réconforter en attendant qu’ils puissent être évacués. Incident également au col du Mont Cenis où une quinzaine de camions se sont trouvés bloqués, l’un deux en dérapant s’étant mis en travers de la chaussée. L’intervention rapide des Ponts et Chaussées de Lanslebourg permit aux poids-lourds de poursuivre leur route en début d’après-midi. Par ailleurs, cette offensive brutale et rude de l’hiver en montagne a surpris de nombreux chantiers où les ouvriers ont dû provisoirement les abandonner. Les derniers chargements de bois à destination de la vallée d’Aoste ont été également bloqués. Un troupeau de 3500 moutons a fui au matin les montagnes de la Sassière et s’est embarqué par le rail en gare de Bourg-Saint-Maurice à destination des Bouches du Rhône. Dans la plaine, les pluviomètres ont enregistré d’importantes précipitations, jusqu’à 40 millimètres en moyenne. Les premiers flocons ont aussi fait leur première apparition sur le plateau ardéchois. La couche resta très mince. Il a également neigé sur les monts du Forez notamment à Chalmazel et Pierre sur Haute ainsi que sur de nombreuses communes de la Loire.

Dans le Cantal, le Plomb du Cantal, le Puy Mary ainsi que les cimes du Mont Dore et les hauts plateaux de la Haute Loire se sont recouverts d’une couche immaculée. Durant la nuit, un vent d’ouest atteignant des pointes à 130. Km/h a soufflé au sommet du Puy du Dôme. La tempête s’est également fait sentir à Clermont-Ferrand et dans la région, où depuis 48 heures, une pluie froide ne cesse de tomber. Sur les sommets des hautes Vosges où le vent a soufflé toute la nuit du 18 au 19, la couche de neige atteint plusieurs centimètres au Markstein et au Grand Ballon, la température est descendue jusqu’à -2°. Le Ballon d’Alsace après une violente tempête qui a duré toute la nuit est recouvert d’une couche de neige de 5 centimètres. Sur les monts du Jura, aux Rousses, et à Lamoura ainsi qu’au col de la Faucille, la couche de neige atteint les 10 centimètres.