
On arrive à la fin février 2025, et il est temps de jeter un œil dans le rétroviseur pour voir ce que 2024 nous a laissé comme héritage environnemental. Cette année a été marquante, et pas forcément dans le bon sens du terme. Entre records de chaleur, avancées encourageantes et défis persistants, le bilan est à la fois complexe et riche d’enseignements. Prenons ça étape par étape, comme si on discutait autour d’un café, pour essayer de comprendre ce qui s’est passé et ce que ça signifie pour la suite.
D’abord, parlons température. 2024 a été officiellement sacrée l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis qu’on tient des comptes, c’est-à-dire depuis 1850. Le service européen Copernicus, qui suit le climat de près, a lâché une info qui fait réfléchir : pour la première fois, le réchauffement global a dépassé le seuil symbolique de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Ça ne veut pas dire que l’Accord de Paris est déjà caduc – cet objectif vise une moyenne sur le long terme, pas une année isolée – mais ça donne une idée de la vitesse à laquelle les choses bougent. Avec une hausse d’environ 0,2 °C par décennie, certains experts estiment qu’on pourrait franchir ce cap de manière durable dès les années 2030 si rien ne change. En Europe, on est déjà à plus de 2 °C de réchauffement dans certaines régions, ce qui rend les vagues de chaleur et les sécheresses encore plus rudes.
Côté émissions de CO2, le tableau est mitigé. Le Global Carbon Project, qui publie chaque année un bilan mondial, a révélé que 2024 a vu une légère augmentation des émissions globales par rapport à 2023. Pas une surprise, malheureusement. La Chine reste le moteur principal de cette hausse, avec ses centrales à charbon qui tournent à plein régime, même si l’Europe, elle, fait des efforts en relançant parfois ses propres centrales pour pallier des tensions énergétiques. Mais il y a quand même des lueurs d’espoir : les énergies renouvelables ont continué à gagner du terrain. En France, par exemple, elles ont grimpé à 15,4 % de la consommation d’énergie primaire en 2023, et les chiffres pour 2024 devraient montrer une progression similaire, portée par l’éolien, le solaire et les pompes à chaleur. C’est un pas dans la bonne direction, même si on est encore loin des 33 % visés pour 2030.
Et puis, il y a la biodiversité, ce sujet qu’on a tendance à oublier au milieu des discussions sur le carbone. Là, le constat est plus sombre. Malgré des financements en hausse – en France, les dépenses pour protéger l’environnement ont encore augmenté en 2024, notamment pour la gestion des déchets et la préservation des écosystèmes –, la disparition des espèces ne ralentit pas vraiment. L’artificialisation des sols, avec toujours plus de béton qui grignote les terres agricoles et les habitats naturels, reste un gros problème. Les études du SDES, le service statistique du ministère de la Transition écologique, montrent que si la qualité de l’air et de l’eau s’améliore doucement grâce à des décennies d’efforts, la pression sur la faune et la flore ne faiblit pas. Les zones humides, par exemple, continuent de rétrécir, et les chiffres sur les populations d’oiseaux ou d’insectes pollinisateurs ne sont pas franchement réjouissants.
Un événement marquant de 2024, ce sont aussi les Jeux Olympiques de Paris. Les organisateurs avaient promis des JO « verts », avec deux fois moins d’émissions que ceux de Londres ou Rio. Le bilan ? Environ 1,5 million de tonnes de CO2, soit l’équivalent de ce que 150 000 Français émettent en un an. C’est mieux que les éditions précédentes, mais des voix comme celles du collectif Éclaircies pointent du doigt un impact « insoutenable ». Le transport des spectateurs et les achats de goodies ont été des points noirs, et la compensation carbone, via des projets de reforestation, a suscité des doutes sur son efficacité réelle. Disons que l’intention était là, mais que la réalité a rappelé qu’un événement de cette ampleur reste un défi environnemental colossal.
Du côté des Français, on sent une prise de conscience qui s’affirme. Les enquêtes du SDES en 2024 montrent que le réchauffement climatique reste la grande inquiétude, même si les catastrophes naturelles – pensez aux inondations dévastatrices de l’automne dans le sud-est – ont grimpé dans les préoccupations. Le tri des déchets, bien ancré dans les habitudes, continue de progresser, et les dépenses pour améliorer leur traitement ont suivi. Mais dans les grandes villes, le bruit et la pollution restent des soucis quotidiens, même si les nuisances sonores semblent un peu moins pesantes qu’il y a quelques années.
Alors, quel bilan tirer de tout ça ? 2024, c’est une année qui illustre bien les paradoxes de notre époque. On avance sur certains fronts – les renouvelables, la sobriété énergétique – mais on traîne les pieds sur d’autres, comme la biodiversité ou la réduction drastique des émissions. Les études, qu’elles viennent de Copernicus, de l’UNEP ou du SDES, convergent sur un point : le temps presse. Le rapport de l’UNEP sur l’écart des émissions, publié en octobre 2024, insiste sur l’urgence d’accélérer pour tenir les objectifs de l’Accord de Paris. Couper 42 % des émissions d’ici 2030, ça semble ambitieux, presque utopique, mais les solutions existent : plus d’énergies propres, moins de gâchis, et une vraie volonté collective.
En somme, 2024 nous laisse avec un goût doux-amer. Il y a de quoi espérer, avec des chiffres qui montrent qu’on peut changer la donne, mais aussi de quoi s’inquiéter face à l’ampleur du chemin qu’il reste à parcourir. C’est un peu comme si la planète nous tendait un miroir : on fait des efforts, oui, mais est-ce qu’on fait assez ? À nous de voir ce qu’on en fait en 2025.